Dans une société où la hausse des prix touche nos produits de consommation, il se pourrait que l’industrie chocolatière soit également concernée. Entre de réelles fragilités au centre la production de cacao et un réchauffement climatique qui accroît avec le temps, le cacao pourrait devenir une denrée de luxe pour les professionnels.
L’impact du réchauffement climatique
Si le chocolat est amené à devenir un produit de luxe, les raisons seraient légitimes face à des enjeux climatiques de taille.
Le climat joue un rôle central dans la culture des cacaoyers puisque ces derniers ne peuvent pousser que dans un climat offrant un fort taux d’humidité et une pluviosité importante. Une hausse des températures liée au réchauffement climatique peut altérer ces conditions en rendant les terres incultivables par manque d’eau, ce qui affectera la santé des arbres plantés. Aussi, le Centre International d’Agriculture Tropicale prévoyait déjà en 2011, une hausse de deux degrés d’ici 2050. Bien que cela puisse paraître minime, cela apportera un impact négatif sur les productions des pays d’Afrique de l’Ouest.
Pour palier à ce problème, et éventuellement « gagner du temps », certains exploitants agricoles songent à déplacer les productions vers des régions où le climat est moins aride. Cependant, cela pourrait également engendrer d’autres complications dans une atmosphère déjà fragilisée.
Ainsi, il est évident que le réchauffement climatique représente une réelle menace qui touchera l’industrie du chocolat à plusieurs niveaux. La consommation de chocolat ne cesse d’accroître : la demande est supérieure à l’offre, créant de cette façon un besoin de production massive. Mais face à des plantations en difficulté et des producteurs qui peinent à générer un revenu correct, les enjeux sont importants.
Une hausse des prix justifiée
Bien que la hausse du prix du chocolat soit une conséquence qui affectera les grandes marques, cette solution contribuera également à la survie des producteurs de cacao qui, en plus d’être en première ligne, génèrent de faibles revenus.
La Côte d’Ivoire et le Ghana sont les plus gros producteurs de cacao au monde en opposition à un revenu journalier moyen au-dessous de 3 dollars. En d’autres termes, 65 % de la population vit sous le seuil de pauvreté malgré une activité qui ne semblait pas connaître la crise. De plus, la situation ne semble pas s’améliorer puisque des forêts entières doivent être rasées afin de palier à une production affaiblie. En effet, des produits dopants sont utilisés afin d’augmenter la capacité de production et améliorer les rendements, mais nombreuses sont les plantations victimes de virus incurables.
Face à une crise sans précédent, de grands industriels comme Cargill et Mars entrevoient une solution simple : soutenir les producteurs de cacao en augmentant leur salaire. Entre une production affaiblie et des revenus trop bas, il est difficile de maintenir le dynamisme d’une activité qui ne permet pas aux producteurs de survivre. Par conséquent, cette hausse se traduit par un prix fixé à 2 600 dollars (2 300 euros) la tonne, soit 25 % de plus depuis début 2020.
Quelles alternatives pour les professionnels ?
Bien que les producteurs de cacao soient en première ligne, l’impact climatique créera un effet boule de neige en direction des professionnels du chocolat.
Les coûts de production représentent un budget important pour tous les industriels et les artisans. Les dépenses engagées dans la production chocolatière doivent être amorties par la vente de chocolats à un prix relatif à la qualité des produits utilisés ; et la hausse des prix de vente du cacao amènera les professionnels à trouver des solutions sans créer de déficit.
Quelles sont ces solutions ?
Parmi ces solutions, l’une serait de poursuivre la production de chocolat en augmentant les prix de façon significative et amortir les dépenses. Cela irait dans le sens des producteurs fixant un prix d’achat minimum dans la vente du cacao. Selon la Confédération des Chocolatiers, une hausse de 30 à 40 centimes sur le prix de la tablette est envisagée. Il est toutefois possible que certains professionnels, les petits artisans par exemple, soient amenés à dépasser ce quota pour réaliser quelques bénéfices.
Une autre solution est possible, celle de revoir à la baisse la production afin de réduire les coûts et trouver un équilibre. Certains professionnels, notamment des artisans, ne pourront pas investir autant d’argent que les grandes enseignes, ils devront alors adopter une posture de sécurité en contrôlant le rendement.
Cependant, cette solution relève du cas par cas, certains professionnels augmenteront les prix de vente, tandis que d’autres se concentreront sur une balance équilibrée si ils disposent d’une trésorerie conséquente.
Enfin, certaines enseignes pourraient se tourner vers une production plus industrielle, en limitant la quantité de cacao pour les remplacer par des arômes synthétiques. Cette dernière solution est à double-tranchant, un tel choix aura un impact sur l’image d’une enseigne, au risque de voir le volume de ventes chuter. De plus en plus de personnes se tournent vers des produits bio et de qualité supérieure ; et un manque d’authenticité pourrait éloigner des consommateurs qui recherchent du 100 % cacao.
L’enjeu semble de taille et plus que jamais, entre une demande qui augmente face à une offre encore instable et fragile, deux questions restent en suspens : quelle sera la tendance sur les prochaines années ? Et, allons-nous trouver un point d’équilibre ?